Le 16 mai 2011

Liège, une alliance vivante

Sylvie Gervais

Depuis la signature d'une alliance stratégique entre l'Université de Sherbrooke et l'Université de Liège, en Belgique, il y a quatre ans, les projets s'enchaînent. On traverse l'Atlantique dans un sens comme dans l'autre.

Le 15 octobre 2004, le recteur de l'Université de Sherbrooke (UdeS), Bruno-Marie Béchard, et le vice-recteur de l'Université de Liège (ULg), Bernard Rentier, signent une entente d'alliance stratégique pour favoriser les échanges entre les deux établissements. Depuis, l'entente a contribué à la mobilité des professeurs et des étudiants, au rapprochement des programmes de formation et à la collaboration scien- tifique. Des professeurs sherbrookois en littérature, en génie, en environnement, en médecine, en sciences politiques et en droit nourrissent des contacts de plus en plus soutenus avec leurs homologues liégeois.

Étudiants et professeurs voyagent

L'objectif principal de cette alliance stratégique — internationaliser les programmes — s'est ainsi concrétisé au fil des ans et pas seulement pour les étudiants. «Parallèlement au dynamisme étudiant, souligne le professeur Louis Marquis, vice-recteur à la communauté universitaire et aux relations internationales, il y a celui des professeurs. Lorsque ceux-ci viennent enseigner chez nous et que nos professeurs vont enseigner ailleurs, c'est une autre excellente façon d'internationaliser le monde de la formation universitaire.»

Paul Deshaies, ex-doyen de la Faculté d'éducation physique et sportive de l'UdeS, fut le premier à faire le saut outre-Atlantique pour donner à Liège, durant les trois dernières années, un cours en psychologie du sport. Depuis, colloques, conférences et autres réunions scientifiques — tenus tantôt à Liège, tantôt à Sherbrooke — ont donné l'occasion aux représentants des deux universités de renforcer leurs relations et de partager des idées en vue de projets ultérieurs.

«L'entente d'alliance stratégique agit ici comme catalyseur, par l'aide qu'elle donne, notamment sur le plan financier, pour permettre ces échanges», commente à son tour Patricia Petit, coordonnatrice aux relations internationales à l'ULg. Celle-ci a encore en tête la présence à Liège de Me Sébastien Lebel-Grenier, professeur de droit à Sherbrooke. «Il a prononcé une conférence chez nous devant des professeurs et des étudiants en droit. Ç'a été une occasion de rencontrer les gens de la faculté et le doyen pour développer des projets.»

Un effet d'entraînement qui fait vivre l'alliance

«Se rencontrer pour développer autre chose», dit en somme Patricia Petit. Cette expression succincte résume bien le modus vivendi de l'alliance stratégique entre Sherbrooke et Liège, laquelle se concrétise à mesure que les liens se tissent entre collègues par-delà l'océan, l'initiative ouvrant la porte à une autre et créant une espèce de tremplin pour réaliser de plus en plus de projets communs. Pas étonnant, dans les circonstances, que des événements soient organisés précisément dans le but de stimuler les prises de contact.

La Journée de la recherche de janvier 2009 est un de ces exemples. Six doctorants de Liège en cancérologie, en lexicologie et en génie, accompagnés de quelques professeurs, sont venus à Sherbrooke pour y présenter les résultats de leurs recherches, aux côtés de leurs homologues sherbrookois. Leur séjour dura quelques jours de plus afin de leur permettre d'explorer les lieux et de nouer des relations. «Il y a fort à parier que cette occasion de réseautage aura des retombées intéressantes, estime le vice-recteur Marquis. L'étudiant liégeois qui y a participé pourra opter pour un postdoctorat à Sherbrooke, dont il connaîtra mieux la capacité d'accueil et les axes de recherche. La réciproque est aussi vraie puisque les doctorants sherbrookois qui ont discuté avec des étudiants de Liège savent ce qui se fait là-bas et pourront choisir d'y poursuivre leur cheminement.»

Autre exemple de collaboration entre les deux campus : les conférences scientifiques de mai 2009. Trois ou quatre professeurs de Sherbrooke se rendront alors à Liège pour y présenter leurs recherches et prendre connaissance de celles de leurs collègues liégeois. «Ce genre d'échange permet de voir ce qu'on peut faire ensemble, résume le vice-recteur Marquis. Et la retombée la plus rapide et la plus significative qui devrait en découler est la cotutelle de thèse.»

La maîtrise en environnement à Sherbrooke et le master en sciences et gestion de l'environnement à Liège sont désormais reliés. Les étudiants inscrits à ces programmes ont la possibilité de passer une session dans l'université alliée. Une mention sur le diplôme confère un caractère officiel à la démarche. «Et ça, c'est intéressant, insiste le vice-recteur Louis Marquis, car quand l'étudiant se cherchera du travail, il aura la preuve qu'il a fait une partie de sa formation ailleurs, ce qui montrera sa curiosité et sa capacité d'ouverture sur le monde.»

Par ailleurs, des pourparlers sont en cours entre la Faculté des sciences appliquées de Liège et celle de génie de Sherbrooke afin d'établir un rapprochement entre leurs programmes de formation des ingénieurs, en vue de favoriser les échanges étudiants en dernière année. C'est ainsi que des initiatives, par un bénéfique effet d'entraînement, en amènent d'autres, ce qui resserre encore le tissu de l'alliance stratégique Liège-Sherbrooke. «Quatre ans après la signature de l'entente, il est à prévoir que les résultats se multiplieront au fur et à mesure que professeurs et étudiants s'empareront de cette alliance et la feront vivre», concluent d'un commun accord Patricia Petit et le vice-recteur Louis Marquis. En d'autres mots, messieurs, mesdames, c'est à vous de jouer et de proposer des idées!